Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 35 : « How could I forget / The day you lied to me »

Les contours du tunnel apparaissaient vaporeux sous le faisceau réduit de sa lampe. L'élastique ceinturait le crâne d'Elo comme un étau, sur le bonnet qui épongeait sa blessure. Ses yeux rentraient dans leurs orbites sous l'effet de la migraine et le sang, qui toquait contre sa tempe aussi insistant qu'un colporteur, lui donnait la nausée.

Bref, elle aurait dû se méfier de ce qu'elle voyait comme d'une hallucination. Pourtant, lorsqu'elle reconnut le profil anguleux de Morgan et ses fins cheveux bruns balayé de blond, Elo fonça sans réfléchir.

L'avocate était allongée dans un passage, en bordure d'une salle circulaire à demi-éclairée. À l'intérieur, une poignée d'otages étaient entassés les uns sur les autres, endormis ou blessés jusqu'à la somnolence. Aucun mercenaire en vue.

Accroupie dans le remblai, Elo progressa en canard vers la silhouette qu'elle avait trop rapidement mémorisée à son goût, malgré le peu de temps passé ensemble. Elle approcha une main tremblante vers l'épaule de celle dont elle avait tu la mort dans son esprit, ne souhaitant que la faire sortir d'ici... et rattraper son erreur de l'avoir emmenée dans les catacombes...

Avant qu'elle n'ait pu la toucher, Morgan se retourna dans un sursaut. La nuque piégée entre sa main et une lame, Elo n'osa plus bouger.

Le même sentiment de surprise les paralysa toutes les deux. Peu à peu, les yeux d'Elo s'embuèrent et ses doigts fatigués effleurèrent la gaze qui couvrait le cou de Morgan. C'est à cet endroit qu'elle avait mordu LeFay dans les tunnels, juste avant que ses liens cèdent miraculeusement. Voilà la raison pour laquelle Elo avait pu échapper à la Capitaine, et à la mort. Morgan l'avait protégée.

À présent, ce terrible lieutenant à la solde de la Capitaine semblait avoir arrêté de respirer, le visage d'Elo à quelques centimètres du sien. Soudain, ses yeux bruns se durcirent.

— Je t'avais dit de partir, souffla-t-elle.

Les dents d'Elo grincèrent. C'était donc elle, aussi, qui l'avait épargnée à la Fontaine et qui l'avait assommée, tout en lui laissant de nouvelles piles.

Mais une bonne action ne pouvait effacer le reste. Elo se saisit du poignet tenant la lame, la lueur vengeresse de son regard rendue plus brillante par la larme qui roulait sur sa joue.

— Des gens sont morts par ta faute !

Elo lui tordit le bras, libérant sa jugulaire, puis lui asséna un coup de boule. Le choc de leurs deux crânes sur la frontale les sonna toutes les deux.

Déboussolée, Elo agita les poings devant elle dans l'espoir de la frapper une nouvelle fois, mais ils furent rapidement immobilisés. La lampe et le bonnet tombèrent sur son œil. Elle continua pourtant à se débattre, lorsqu'une voix s'éleva dans un autre tunnel.

— Yo, LeFay, tu fous quoi ?

En un clin d'œil, Elo fut retournée comme une crêpe, la bouche dans le remblai et un genou entre les omoplates.

— Rien, c'est une prisonnière qui veut pisser.

Des pas approchaient. Morgan arracha la frontale d'Elo puis, l'attrapant par le col, la força à redresser son buste, au moment où le mercenaire pénétrait dans le passage. Positionnée dos à lui, à cause de la poigne de la lieutenant, Elo ne put savoir si elles étaient grillées. Elle garda le silence, la tête rentrée dans ses épaules, alors que Morgan lui tenait les mains jointes.

— Tu veux que je m'en occupe ? proposa l'autre.

— C'est bon, il ne me restait que cinq minutes de pause de toute façon et j'étais réveillée. Reste là pour les autres.

— Yep.

Morgan releva Elo par un bras, qui fit l'effort de continuer à mimer des liens autour de ses poignets. Elles se dirigèrent vers le tunnel. Au moment de croiser le mercenaire, Morgan poussa sa tête vers l'avant. Elle le dépassa sans qu'il ne vit jamais son visage.


Elo trébuchait sur la pierre rugueuse. Elle se sentait mal à l'aise sans sa frontale. Même si les mercenaires avaient réussi à faire courir des câbles et à suspendre des ampoules sur leur réseau, il subsistait des zones d'ombres, dans lesquels on se cognait facilement les doigts de pieds.

L'esprit brumeux et le corps chahuté par la houle de ses vertiges, Elo avançait les ongles dans le calcaire.

— Ici, lui dit Morgan.

Elo tomba sur ses genoux. Le temps qu'elle prenne conscience de sa chute, son épaule glissait déjà le long d'un mur. Elle se laissa aller contre cette soudaine stabilité, les jambes pourtant pliées dans l'autre sens.

— Tu t'es fait mal ? demanda Morgan.

Le regard amer d'Elo voulait la transpercer de part en part. L'autre la toisa un instant, main tendue, puis voyant qu'elle ne bougeait pas, s'éloigna.

Elo s'était attendue à ce que la lieutenant des Chérubins la relève de force. Au lieu de cela, elle la vit s'arrêter quelques pas plus loin, la main à sa ceinture qu'elle déboucla en un clin d'œil. À moitié tournée vers elle, Elo vit ses doigts courts déboutonner le treillis sombre. La braguette se fendit en deux, libérant des cuisses musclées, alors que Morgan s'accroupissait dans le couloir.

Elo se détourna. Encore essoufflée par leur affrontement, elle ne se releva qu'à regret, appelé par le même besoin pressant. Elle s'approcha de Morgan pour l'imiter, posant ses pieds entre les traînées sombres laissées par d'autres usagés.

Le bruit de l'urine projetée contre le remblai n'avait jamais sonné si paisible.

La tête baissée vers son slip et les lèvres pincées de concentration, Elo tirait sur le tissu pour l'écarter d'entre ses jambes.

— Je déteste faire pipi dans la nature, marmonna-t-elle dans son double menton.

L'espace d'une seconde, le visage de Morgan se dérida.

— Tu t'en sors pas mal, empêtrée dans ce harnais.

Au son de l'accent anglais, articulé avec nonchalance, les pensées d'Elo firent un bon en arrière. Elle se retrouva quelques jours plus tôt, un midi, sur la terrasse du Café de Caylus éclairée par les tables de marbre.

Son visage s'assombrit.

Les deux jeunes femmes avaient à nouveau zippé leur pantalon. Debout l'une face à l'autre, elles se dévisageaient, le jugement en suspens. Les yeux de Morgan s'attardèrent sur la blessure fraîche au visage d'Elo, héritée de sa descente hasardeuse en corde, puis descendirent sur les anciennes éraflures de ses bras. Ses bleus, un peu partout, teintaient sa peau comme un cadavre.

Le sang d'Elo ne fit qu'un tour quand elle surprit ses sourcils soucieux. Elle franchit la distance qui les séparait, les doigts agrippant l'une des sangles de son équipement qui barrait son buste.

La mercenaire esquissa une grimace agacée, avant de faire rouler sa mâchoire. Elle couvait d'un regard patient son visage tuméfié, ce qui la mit hors d'elle. Écrasant ses bottes de combat, Elo cherchait clairement à la dominer. Et elle devina, plus qu'elle ne sentit, les mains de Morgan suspendues à quelques centimètres de sa taille, prêtes à la rattraper au moindre signe de faiblesse. Elle devait être en piteux état. Les battements de son cœur se confondaient, à la fois animés par la colère et aussitôt attendris par les marques d'attention.

— J'ai essayé de les retarder... s'expliqua Morgan dans un souffle. Et quand j'ai compris qu'il était trop tard... Je n'ai pas réussi à vous faire sortir. Mais je te promets que...

— Je t'ai cherché ! dirent-elles en même temps.

Elo se voulait cinglante, mais pleurait. Morgan n'avait pas le droit de lui faire ça, de lui mentir, alors qu'elle s'était jetée dans les éboulements à la recherche des survivants.

— J'ai même cru entendre ta voix... ! hoqueta-t-elle.

Les bras de Morgan se rapprochèrent un peu plus, sans jamais oser la tenir.

— Je suis retournée vous chercher, continuait Elo entre deux sanglots. Je vous croyais coincés sous les décombres ! J'ai entendu mon nom...

— J'ai crié ton nom, murmura Morgan dont chaque mot laissait un goût de cendre dans sa bouche. Mais les éboulements couvraient tout...

— J'ai cru que tu m'appelais à l'aide.

— ... Je t'ai cru écrasée.

Les mains d'Elo quittèrent l'uniforme de la mercenaire, pour retomber le long de ses jambes vacillantes. Elle était perdue. Le choc et l'abattement menaçaient de l'achever. Et ils auraient eu raison d'elle, sans la voix de Morgan flottant à ses oreilles :

— Quand je t'ai vu rôder près de la fontaine, je n'en croyais pas mes yeux... Je voulais tant...

La voix étranglée et les traits accablés de Morgan paraissaient sincères. Le cœur d'Elo se serra. Comment pouvait-elle se sentir désolée pour celle qui avait causé la mort de son ami ? Morgan savait ce qui allait se produire et n'avait rien fait pour épargner les cataphiles.

La mercenaire rejeta la tête en arrière, luttant contre les larmes qui perlaient au coin de ses yeux.

— J'ai cru que je t'avais tué... souffla-t-elle.

Ses bras se refermèrent enfin sur les hanches d'Elo, qu'elle attira à elle. Celle-ci se laissa complètement tomber contre son buste. Au moment où ses jambes lâchèrent, Morgan passa la tête sous son aisselle et l'emporta plus loin.

Ballotée par chaque pas, Elo se laissait guider par la robustesse de Morgan, qui avait tout juste une demi-tête de moins.

— Plusieurs de tes blessures sont infectées, prononça Morgan à voix basse. Il faut les soigner. Mais, d'abord, tu dois les laver.

Elo ne répondit rien ; elle pouvait difficilement nier ces affirmations. Elle avait de plus en plus de mal à avancer et se concentrait sur ses pieds. De son avis, ce n'était qu'une question de temps avant que Morgan la dénonce à la Capitaine, ou la lâche en plein milieu du campement.

Pourtant, après quelques coudes qui les éloignèrent des tunnels principaux, elle se retrouvèrent face à un couloir inondé. L'eau turquoise, vivement éclairée par les lampes de chantier des mercenaires, brûla ses yeux trop habitués à l'obscurité. Ils ne trouvèrent refuge qu'au creux du cou de Morgan.

Quelques secondes s'écoulèrent. La bouche de la mercenaire s'approcha de son oreille, la réveillant un peu :

— Est-ce que je peux t'aider ?

La demande avait des airs de plaidoirie. Elo ouvrit un œil vers Morgan ; son nez s'était froncé d'inquiétude. Plusieurs secondes s'écoulèrent encore avant que cette dernière craque :

— Pourquoi tu ne dis rien ?

Elo était comme figé sur ce visage qui l'avait trahi. Si Morgan l'avait abandonné, comme tant d'autres, pourquoi restait-elle encore à ses côtés ? Ses mots étaient lents, meurtris :

— Parle, insulte-moi, dis quelque chose.

La tête d'Elo bascula en arrière ; c'était le seul moyen pour garder les yeux ouverts. Elle n'avait aucune énergie à gaspiller dans des hostilités.

— Énerve-toi ! la secoua Morgan.

Elo n'en avait aucune envie. Elle était vide.

— Je n'ai rien à te dire, dit-elle enfin.

— Pourquoi n'es-tu pas en colère ? Après ce que je t'ai fait !

Morgan paraissait fébrile autant que confuse. Alors Elo s'agrippa à elle pour se redresser. D'un nouvel aplomb, elle articula :

— Amène-moi à la Capitaine, qu'on en finisse.

À cet instant, les prunelles de Morgan vibrèrent et, appuyée contre elle, Elo senti son pouls s'emballer. L'affolement s'emparait à ce point d'elle qu'il lui devenait impossible de le contenir. Elle passait d'un œil d'Elo à l'autre, les lèvres tremblantes.

— Tu es cachée ici. Elle ne te trouvera pas.

Les sourcils d'Elo se levèrent de surprise. Lorsqu'un plein d'air s'engouffra dans ses poumons, elle réalisait que Morgan n'avait aucune attention de l'abandonner.

Soudain, elle en eut la certitude. Car le corps entier de la mercenaire, vibrant de terreur à la mention de la Capitaine, le lui criait.

Cette fois-ci, ce fut autour de Morgan de demeurer figée, alors qu'Elo approchait son visage du sien. Leurs regards plongèrent l'un dans l'autre. Elo respirait si lentement qu'elle crut étouffer. Elle se souvenait de la sensation de Morgan dans son dos, lorsqu'elles avaient commandé au bar. Elle aurait voulu retrouver cette Morgan-là, prendre tendrement son visage entre ses mains et l'embrasser en dansant hanches contre hanches.

Au lieu de ça, elle s'humectait les lèvres à l'idée de toucher celles de la lieutenant d'un groupe paramilitaire qui avait fait exploser les sous-sols de Paris.

Sa peau était comme enflammée. Ses pensées étaient si confuses qu'elle ne savait si elle brûlait sous le coup du désir ou des infections qui dévoraient sa chair.

Elle s'éloigna d'un coup, haletante. La douleur la rattrapait : son nez la démangeait et les gonflements sur son visage l'emprisonnaient.

Morgan l'attrapa soudain par le bras :

— Il faut te soigner.

— J'ai compris, grommela Elo. Mais c'est hors de question que je me baigne dans ce couloir.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro